Guillermo Calderón Villa + Discurso

[Théâtre]

Guillermo Calderón, à qui les pièces Clase, Neva et Diciembre avaient assuré une reconnaissance en tant qu’auteur et metteur en scène, au Chili et à l’étranger, revient en France avec un spectacle pour le moins étonnant : un diptyque dans lequel il prend à bras-le-corps l’histoire de son pays.
Les deux volets de Villa + Discurso sont inséparables. Dans la première partie, Villa, trois jeunes femmes sont réunies pour prendre une décision : que faire aujourd’hui de la Villa Grimaldi, qui fut l’un des principaux centres de torture sous la dictature du général Pinochet ? La reconstruire à l’identique ? Édifier un musée à ce même endroit ? Comment faire œuvre de mémoire ? Le débat est vif, douloureux mais essentiel.
Dans Discurso, les trois mêmes comédiennes reviennent sur scène, cette fois pour se partager un discours : les adieux fictifs de Michelle Bachelet, à la fin de son mandat présidentiel (2006–2010). Le bilan n’est ni triomphaliste ni amer : il est le reflet des espoirs, des ambitions collectives, des aspirations politiques et sociales, mais aussi des contradictions, des concessions, voire des frustrations d’une génération et d’une femme engagée, parvenue au pouvoir, conduite à gouverner un pays dont le présent est le résultat d’une histoire dont elle a aussi été la victime. Conçu à l’origine pour être joué dans des espaces a priori non théâtraux, dans des lieux que la dictature avait réservés à la torture, ce spectacle voyage sans peine hors des frontières du Chili, car cette fiction, ancrée dans un présent lourd de son passé, est une invitation à s’interroger sur le sens de l’histoire.